Antoine, MDP 2013, km 5 |
La perf :
NOM | PRENOM | nb | Record Préc. | Paris 2013 | Gain temps | Semaines Prépa | Séances/sem. |
COLLET | ANTOINE | 3e | 04:30:14 | 04:15:51 | 00:14:23 | 10 | 3-4 |
Les impressions :
"3e Marathon, Marathon de toutes mes attentes
Pourquoi de toutes mes attentes ?
Tout d'abord, en raison des sacrifices durant cet hiver pourri : courir sous la pluie, le froid, la neige. Ensuite grâce à une très bonne préparation grâce à notre coach le Grand Yey. Il m'avait concocté un programme aux petits oignons. Je me souviens que le jour où j'ai reçu la feuille Excel avec tout le planning, j'avais refermé aussitôt le fichier. Je m'étais dit : "C'est un truc de fou, 4 sorties par semaine, ce n'est pas possible et blablabla et blablabla". Bref, j'ai quand même suivi à la lettre ce programme (avec j'avoue aujourd'hui 2-3 séances omises, plus ou moins volontairement).
Bref, me voilà prêt ! Inscris dans le sas 4h00, je ne souhaitais pas reproduire l'erreur de débutant de me mettre dans un sas beaucoup plus élevé et être en sur-régime dès le départ.
Ma semaine précédent l'événement, tout allait bien, no stress pas d'appréhension. Mais à la suite de 2 soirées à piétiner (concert + soirée), j'ai ressenti une douleur au pied, ma bursite (NDLR : petit œdème se nichant entre le 4e et 5e métatarse... Hmmm que du bonheur !). Ce n'était pas cela qui allait altérer mon moral, d'ailleurs je n'y ai absolument pas pensé ! Après tout, la douleur fait partie de la vie du coureur (c'est le côté maso de ce sport).
Le Jour J
Réveillé 5h... euh non 5h30, c'est mon deuxième réveil qui m'a réveillé (hé hé, j'avais prévu le coup), je descends avec nonchalance prendre mon petit-déjeuner ; petit-déjeuner classique, café, toast avec du miel et un jus d'orange. Après une douche pour me réveiller, je prépare mon équipement pour la journée avec la question existentielle : fera-t-il vraiment froid ?! Je décide d'arborer un maillot de corps manche longue sous mon T-shirt de course.
7h00, c'est l'heure de retrouver Frédérique et Olivier... le départ théorique est dans 2 heures. Dans le métro, nous commençons à croiser quelques coureurs venus eux-aussi tôt pour déposer leurs affaires.
7h30, arrivée à Charles de Gaulle-Etoile. Prêt pour la manif pour tous... les coureurs. Heureusement, la place de l'Etoile n'était pas condamnée par les CRS.
8h00, nous déposons toutes nos affaires aux vestiaires (très bien organisés par ailleurs) et go pour le point de rendez-vous... après un arrêt pipi... comme nous avons pris un peu de retard, je pars directement rejoindre Florelle, Jean-Marc, Sylvain et Marc laissant Frédérique et les Olivier vaquer à leurs occupations. Ce sera la dernière fois que je les verrai avant l'arrivée...
Une fois tombé sur Florelle et co, je vois le temps tourné, j'invite Jean-Marc, qui m'a gentiment accompagné sur les 2 premiers puis les 23 derniers kilomètres, à entrer dans le sas, il est 8h45.
Après une heure d'attente dans le sas et avoir fait mes besoins une dizaine de fois dans une vulgaire bouteille d'eau minérale, nous partons enfin sous un soleil magnifique (et inespéré). Il faisait légèrement froid mais c'était plus que supportable et surtout... il n'y avait pas de vent !!
C'est parti pour 42,195 km !!
La course
Comme d'habitude, l'allure du départ est assez élevée. Devant l'euphorie, l'ensemble des coureurs mènent une allure assez soutenue. J'avais pour objectif 4h, aussi je décidais de ralentir et de tourner en 5'40 au kilo. Arrivés à Concorde, Jean-Marc me laisse et me donne rendez-vous ... dans 21 kilomètres ! Quelle idée !! Aucune difficulté à relever, si ce n'est que ma gêne au pied était là à se balader dans ma godasse. Ni pense pas !
J'arrive au premier pit-stop, à Bastille. Là, comme toujours les aficionados étaient là à m'encourager ! C'est fou comme ça fait du bien de voir les amis pour vous, ça donne des ailes... surtout plus tard dans la course ;-) En revanche, je n'ai pas compris car un bouchon était en train de se créer à l'entrée de la rue du Faubourg St Antoine... on marche !!! Heureusement, fausse alerte ! C'était en raison des supporters qui avaient créé un goulet d'étranglement. Allez, on continue !
Tout le monde avait l'air d'être content, j'avais un sentiment de déjà-vu ; 1 mois auparavant, nous étions sur le même parcours pour le semi.
Arrive alors la première difficulté, la côte de la rue de Reuilly menant à la place Félix Eboué. Je ne sais pas pourquoi mais j'adore cette côte ! Elle est assez longue avec une pente assez raide puis un faux plat qui casse les pattes mais moi, je l'adore cette côte !!
Descente ensuite avenue Daumesnil jusqu'à la porte Dorée sans encombre, puis c'est l'entrée dans le bois de Vincennes avec le petit décrochage longeant le zoo de Vincennes. Rien à signaler pendant le passage à Vincennes, si ce n'est que je m'ennuie profondément le long de la route des Pyramides... bref on arrive enfin à longer l'hippodrome de Vincennes.
Et là, premier "couac"... le caillou dans la chaussure !! Comment diable, a-t-il pu arriver là ? Je vais devoir sacrifier mes précieuses secondes pour me défaire de cet intrus... oui. Je me dépêche d'extraire ce corps étranger pour reprendre ma foulée et ne pas perdre le rythme. Ouf, plus de peur que de mal !
15e kilomètres jusqu'au 19e, c'est une partie que j'aime particulièrement et c'est là où j'aurai vraiment de superbes sensations. C'est la sortie du bois de Vincennes sur une grande ligne, petit à petit, la ville reprend le dessus sur la nature et nous rappelle que nous sommes bien au marathon de Paris (et pas de Vincennes). L'arrivée à porte de Charenton fut impressionnante, je n'avais jamais vu autant de monde... le revers de la médaille fut de ne pas avoir mis de barrières... les supporters avaient envahi la moitié de la route !!! Cela reste bon enfant !
Je prends mon ravitaillement au 20e où une bénévole m'encourage avec un "Allez Antoine, courage !". C'est vraiment sympa d'avoir les noms sur les dossards car je ne l'ai pas abordé mais nombre de personnes scande votre nom pour vous encourager ! Ça booste !!
Et hop, le semi vient d'être franchi, je regarde "ma-montre-bourrée-de-technologie mais qui ne donne pas l'heure... en course", je suis en dessous de 2h de course (1h58), je tiens le rythme malgré la p'tite gêne persistante, je suis dans les temps pour mon objectif.
J'évite le stand Powerade afin de ne pas avoir les semelles collées au bitume (il vaudrait mieux donner des bouteilles et non des verres, ça reste mon avis...). La foule s'accumule de plus en plus... normal, on arrive à Bastille !! Mes supporters sont là, je le sais !!
Que la course commence !
Evidemment, ils étaient tous là !! Ils criaient, criaient, et criaient !!! On apprécie vraiment toute cette énergie, je tiens à le redire car j'ai pu durant 7 années suivre les aventures d'Olivier et là, ils sont là pour moi !
Je récupère Jean-Marc qui prend le relais des encouragements. Il en profite pour faire un état de lieux. "Ça va, pas de casse ?! T'es bien là ! Tu tournes bien !" Je lui fais état de ma gêne au pied qui commence à remonter légèrement. "Ça va aller !!" Dans ces cas là, il n'y a rien d'autre à dire que de rassurer le coureur. Sinon on commencerait à énumérer 1001 complaintes. Ravitaillement du 25e km, là Jean-Marc prend le ravitaillement pour moi, c'est super pratique et super sympa. Nous attaquons les voies sur berges.
Sous le tunnel, tous les coureurs commencent à crier et à chanter : "Vous êtes fatigués ?... Ooooh oh oh oh-oh etc." C'est inaudible et horrible ! Heureusement, la sortie arrive avec sa côte... on les entend moins !! Nous entamons ensuite la partie des 3 tunnels... ça casse bien mais j'ai bien géré sans y laisser de plume.
30e km, je ressens une douleur dans le mollet gauche ! Ma gêne au pied était remontée doucement et simplement pour se loger dans le mollet ! Ça me perturbe car ce n'était pas le scénario que j'avais imaginé ! Le mur, oui ! Mais la crampe !!
Heureusement, à Passy, 4 énergumènes scandaient, sautaient, criaient pour moi !! Je les bénissais, cela m'a fait oublié quelques instants le "drame" que je vivais. Ne jamais laisser transparaître de faiblesse devant les supporters, vous leur sèmeriez le doute jusqu'au prochain point de rencontre !
500 mètres plus loin, je dois m'arrêter pour étirer la crampe. Je crains le pire ! Jean-Marc, le bon samaritain me fait ralentir et m'interdit de marcher tout de suite. Je m'étire tranquillement et repars. Jean-Marc me fait office de lièvre. J'arrive à franchir le faux plat menant au bois de Boulogne sans penser à cette crampe. Nous longeons Roland-Garros, Jean-Marc m'encourage et me rassure sur notre allure, nous tenons le rythme ! Au ravitaillement du 35ekm, il m'interdit de ralentir pour prendre mon ravitaillement. Sachant que la côté de la porte d'Auteuil était devant nous, je lui désobéis et m'arrête pour m'hydrater, manger et me tirer une nouvelle fois la crampe. Je perds 1 bonne minute et repars. "Allez le dernier ravito, c'est la bière !!" Jean-Marc me prend par les sentiments.
Nous nous faufilons entre les coureurs qui s'arrêtaient juste devant nous ! "Tenez votre gauche les marcheurs !" criait Jean-Marc. Lièvre, puis conseiller, puis éclaireur, je lui aurai tout fait faire ! Cela nous a permis de tenir le rythme... 6'20 au kilo... ce n'est pas ce que j'escomptais...
Nous sommes en plein Bois de Boulogne... ou "Zombieland" !!! Là, plus de coureurs mais des marcheurs au ralenti avec des cris de douleurs et de lamentations... je remets ma musique pour ne pas entendre cela. "On les double tous !!!" me dit Jean-Marc, "Regarde !!" Il me rassurait pour que je ne pense pas aux douleurs... car je venais d'attraper des crampes aux cuisses, sympa.
Nous arrivons sur la route de Suresnes, je vois au loin le kilomètre 40, je décélère et m'arrête car les douleurs deviennent insupportables. Et je reperds une bonne minute à m'étirer. Jean-Marc m'invite à marcher jusqu'à la borne des 40km mais piqué au vif, je décide de repartir 200m avant de me tordre de douleur pour ne plus lâcher et finir au mental !! Jean-Marc me prend de l'eau une dernière fois et droit devant, je me dis "J'ai un marathon à finir !!".
Je vois la dernière ligne droite. La foule s'amasse. Des cris, des pleurs, des chants, des "Allez", des "bravo", des "plus que", tout cela devient enivrant. Je vois alors la libération, place Dauphine où nous croisons une dernière fois notre horde de supporters !! La consécration !!! La grimace disparait, le sourire éclate !! Scène de pure folie ! On oublie tout, on regarde chaque personne dans les yeux. Cette seconde de joie m'a paru durer 10 minutes !
"On termine en moins de 4h16 !!!" Retour à la réalité, Jean-Marc était là pour me remettre dans le droit chemin. Reste alors 400 mètres. Dans un sursaut d'orgueil, j'arrive à trouver les dernières forces pour rester en dessous des 4h16.
Je franchis la ligne... 4h15min51secondes ! 15 minutes de mieux que mon précédent temps. Mes jambes tremblent, je ne tiens plus debout, la foule m'étouffe, j'essaie de m'avancer tant bien que mal et je m'écroule devant la barrière des T-Shirts "Finisher" devant la taille M. "Monsieur, quelle taille ?" "eeeeeuuuh, L" répondis-je. "Ah, c'est à côté" Je vois alors une dame que je regarde et que je prends ensuite dans mes bras. Elle réponds gênée que les T-shirts L sont à côté. Je rampe pour parvenir à décrocher mon sésame (oui car on court 42km pour recevoir un T-shirt floqué Finisher...). Je décroche ensuite ma médaille qui me semble être la plus belle de toutes !
Bilan
Suis-je déçu de ne pas avoir atteint les 4h ? Absolument pas !! J'ai réussi à tenir malgré la douleur, je sais que j'ai encore une bonne marge de progression. Battre de 15 minutes son précédent temps, cela laisse songeur.
En tout cas, ce fut une fête encore énorme ! Je ne sais que dire des supporters. Ils ont su nous porter là où nous en avions le plus besoin. C'est le meilleur des gels, gâteaux énergétiques et autres produits dopants. Encore un grand merci à tous.
Prochain rendez-vous : marathon de Berlin en septembre. D'ici là, il reste encore de nombreux entrainements à effectuer. Je crois que je vais devoir rouvrir (et refermer aussitôt) le programme du coach !"
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