samedi 29 septembre 2012

MM, paroles de marathonien (3)



Olivier, 9e marathon

Pour ce 3e épisode de Paroles de marathonien sur le Médoc, je m'y colle... en attendant les témoignages de Jean-Marc et Pierre.

Olivier, 40 ans, 9e marathon, record 3h41 (Paris 2004)



Mes impressions :


" Après la très belle aventure de New York l'an dernier, nous avions décidé tous les 5 de partager à nouveau un marathon d'automne ensemble. Berlin ? Amsterdam ? Finalement nous avions convenu de rester en France et de faire le marathon le plus festif (sur le papier... et aussi sur le terrain, comme nous allions le découvrir ;)) : le Médoc. Puisque nous allions souffrir autant que ce soit dans la joie et la bonne humeur ! Antoine absent l'an dernier pour Big Apple nous rejoignait dans l'aventure. Les inscriptions sont donc prises en février.

Pour ma part, après un marathon de Paris bien géré en avril et un record perso sur 10km en juin, j'avais décidé de faire une préparation écourtée en 6 semaines (au lieu de 10 habituellement). Écourtée, certes, mais intense avec 4 sorties par semaine et l'ajout d'autres sports dans la préparation : VTT, trail, vélo de route, rando et natation. Ma préparation a été bonne et j'ai senti une nette amélioration de ma condition physique lors des dernières sorties d'avant course. J'étais en forme !

Le veille de la course à 15h30, nous récupérions nos dossards pour le lendemain, il faisait beau et chaud et la météo annonçait la même chose pour le jour J. Pas de stress mais un très mauvais souvenir de Paris l'an dernier où la chaleur m'avait joué un très mauvais tour. C'est toujours un plaisir d'aller retirer son dossard pour une grande course, on y flaire déjà un peu l'ambiance du lendemain. On flâne sur les stands.

Pour rentrer vraiment dans l'ambiance, il fallait attendre le repas des Mille-Pâtes, le soir au château de Cantemerle : 1 500 joyeux convives prêts à oublier les difficultés du lendemain pour faire la fête ! Quelle ambiance et quelle organisation !

Le lendemain, réveil à 5h50 pour petit déj' à 6h00. Je retrouve Pierre, Antoine et Jean-Marc. On croise d'autres coureurs déjà déguisés. J'avale, comme d'habitude, mon gâteau énergétique que j'avais préparé jeudi. Je sens que tout le monde est déjà bien concentré sur l'objectif à venir. Le mien : moins de 4h... ce qui serait très bien par rapport à ce qu'annonce la météo et par rapport aux difficultés du parcours !

Arrivés à l'entrée de Pauillac vers 8h30, un champ sert de parking aux Romains, Gaulois, pirates, sans-culottes... venus participer à la course, tout le monde converge vers la ligne de départ. Beaucoup de coureurs ont joué le jeu et sont déguisés, l'ambiance est très décontractée, le temps passe très vite sur la ligne de départ : chaque participant déguisé est une curiosité, un spectacle d'équilibristes nous distrait puis vient le départ. Nous franchissons la ligne 5' après le départ, c'est jovial :)

km 0 à 10 : Sur les 4 premiers km, ça bouchonne, ça parle, ça rit... et je n'arrive ni à être dans la course, ni à trouver mon rythme : je sens que je suis bien mais je subis le joyeux tourbillon de coureurs et j'avance péniblement :( Il va falloir courir quand même 42km et à ce rythme, on n'est pas rendus ! Je perds 3'30" par rapport à mon objectif sur les 4 premiers km. Quand je vois Carine et Nathalie au 4e km, ça commence à peine à se décanter et j'ai du mal à trouver le sourire par manque de repères.

Puis entre le 4e et le 5e km, la course se fluidifie et cette fois, il va y avoir de l'espace pour courir, et ce, jusqu'à la ligne d'arrivée :) Je trouve enfin mon rythme de croisière et maintenant, ma course commence réellement. Je retrouve le sourire, je communie avec les autres et je me concentre pour parcourir les 30 premiers kms sans y laisser trop de force. Dans ma tête, avant le 30e, c'est de l'échauffement et les 12 deniers km sont le moment de vérité ! Je gère très bien mon début de course : je m'hydrate bien à tous les ravitaillements d'eau, la fréquence cardiaque est à un bon niveau, je refais petit à petit mon retard sans me "cramer" !

km 10 à 20 : Je passe le 10e en 56'45'', je suis heureux de retrouver Christophe, Nathalie, Florence et Eglantine, la chaleur monte et j'ai déjà regagné tout mon retard en 6km. Christophe court 500m avec moi, ça fait très plaisir qu'il soit là, ses encouragements me font le plus grand bien, on discute, je suis très lucide et bien concentré. Je m'hydrate toujours, je me passe de l'eau sur la nuque et sur les avants-bras régulièrement et les 10km suivants passent comme une lettre à la poste, je passe le 20e en 1h50'07" (j'ai couru ce 10km en 53'15" si je retire les 3'30" au 56'45" des 10 premiers km, je suis exactement dans le même tempo !).

km 20 à 30 : Je passe la mi-course en 1h55'48", j'ai un petit (tout petit) matelas pour réaliser moins de 4h mais je sais que les difficultés ne commenceront que dans 10km ! Sur la 3e partie du parcours, si les filles ne sont pas au RV du 22e pour m'encourager, ça ne m'affecte pas car je suis toujours concentré et déterminé. D'ailleurs tout le monde est là au 26e, je suis très heureux de les voir et je vais toujours aussi bien :) Je parcours les 10km qui séparent le 20e du 30e en 54'38"... si j'ai perdu 1'23" par rapport aux 10km précédents, j'ai toujours de bonnes jambes et je ne rencontre pas de difficultés majeures. J'ai bien passé les bosses et les changements de surface, je m'hydrate toujours très bien et j'ai pris un gel tous les 10km.

km 30 à l'arrivée : 30e km, cette fois, ça y est ! Je suis dans le money time comme disent les basketteurs, dans la période cruciale. Si le "mur" n'est pas en vue, j'ai très soif entre le 30e et le 31e km, il fait plus de 30°C à ce moment de la course. Je décide de m'arrêter à un ravitaillement et je prends mon temps pour boire une petite bouteille d'eau et plusieurs verres, pour avaler un gel et pour uriner. Résultat : je mets 7'32" pour passer du 30 au 31e km. J'ai eu un vrai coup de chaud, je m'accroche mais je suis encore bien. Si incontestablement, j'ai baissé de rythme, je gère pour atteindre l'objectif. Je tourne sur les 9 km suivants entre 5'43" et 6'11"/km. Je ne prends pas le mur à proprement parlé mais la fatigue se fait sentir et elle va s'accentuer au 36e km, ça devient très difficile... les jambes ne tournent plus aussi bien mais nos supporters sont là et ça me rebooste un peu ! J'arrive sur la grande ligne droite finale, il reste 4,7 km, je m'accroche tant bien que mal... je sais que ce final en bordure de Gironde est long et monotone, pour l'instant je suis dans les temps mais je n'ai plus beaucoup de marge !

Au 38e km, je m'accroche à 2 coureurs qui finissent ensemble, l'un, à l'aise, encourage l'autre, à la peine... je prends tous ses conseils et ses encouragements pour moi qui suis sérieusement à la peine également... et si le cerveau ne veut plus faire tourner les jambes... ces encouragements le remotivent et ma vitesse s'accroît... un peu ! J'arrive à me maintenir sous les 6'/km. Je reste "dans leur roue". C'est très dur. Les jambes font mal mais si je lâche, je serais au dessus des 4h ! J'en suis persuadé. Je décroche de 2 mètres. Le cerveau veut se laisser aller. Non, je m'accroche ! Je reviens à leur hauteur. Le plus à l'aise donne toutes les indications à son copain : "petit faux plat... virage... ravitaillement... maintien du rythme... respiration... petite descente... encore 2 km... plus qu'un.."

Le moral est bon, même si je suis exténué... ce type, c'est mon samaritain ! Il me permet de ne pas laisser les mauvaises pensées parasiter mon cerveau.

Plus que 200 mètres, ils sont longs ces 200m, vraiment longs, (plutôt 370m selon mon accéléromètre qui est plutôt précis puisqu'il me donnera 42,42km à l'arrivée). Je franchis le 42e km en 3h57'47", j'ai de la marge pour 200m... moins pour 400m ! Toujours avec mes 2 sauveurs qui me "tirent" ! Le tapis rouge, enfin (c'est classe le tapis rouge !)... J'accélère, ça va passer mais c'est chaud ! 3h59'... 44" !!! Yes ! Yes ! Yes ! Je suis très heureux mais mort !

Je titube à l'arrivée, très fatigué, j'ai à peine la lucidité de remercier Christophe (mon samaritain et j'apprendrai plus tard que son copain était Lilian Laslande ! Je ne l'avais pas vu)... en fait, je ne vois plus très clair ! Je dois faire flipper car les bénévoles m'indiquent très rapidement le ravitaillement...

Je réalise la bonne perf' ! C'est réussi :) Ce ravito à l'arrivée est génial et je retrouve des couleurs en me sustentant ! Super ambiance, un type me convie à sa table pour debriefer la course, je m'assois, je décompresse, c'est bon :) Quand je me relève, les jambes sont encore lourdes mais dans quelques heures j'aurais l'impression d'avoir couru un semi et pas un marathon ! Je retrouve les autres, non sans difficultés ! Tout le monde a fini :) On partage un restau et le premier verre de vin du week end (pour moi) :) Que c'est bon !


Encore une fois, un grand merci à nos supporters : Nathalie, Christophe, Carine, Nathalie, Eglantine et Florence qui ont galéré pour nous suivre sous le cagnard girondin ! Un grand merci aux organisateurs et aux bénévoles pour cette course pas comme les autres!"


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